Lespetits-enfants de Mao, Staline, Pinochet et Mussolini sont très fiers de l'action de leur aïeul. Un illustre grand-père, qu'ils n'ont, en général, pas connu .

Homme du futur », l’arrière-grand-père de David B. Ricard aurait peut-être apprécié notre époque obsédée par la collecte d’images et l’immortalisation visuelle de nos moindres gestes. Comme plusieurs de ses contemporains, il capturait avec une caméra 8 mm les scènes de sa vie familiale. À la mort de l’aïeul, cet abondant matériel, tourné entre 1956 et 1976, a été légué à Ricard, alors ado de 16 ans aspirant à devenir cinéaste. Aujourd’hui documentariste et fréquent collaborateur scénique de Florent Siaud, celui-ci s’en est inspiré pour Le Kodak de mon arrière-grand-père, dramatisé et mis en scène par Valery Drapeau. Une création assez originale sur la filiation, la mémoire et le temps, qui combine cinéma, théâtre documentaire et performance musicale. Entre narration autobiographique et explications techniques sur le fonctionnement de ces machines obsolètes qu’il réussit avec soulagement à utiliser sur scène, David B. Ricard commente des images, enregistrant le plus souvent des existences ordinaires Noëls, soupers de famille, vacances… Et il interroge parfois les coutumes qui nous semblent désormais étranges où s’est perdue cette tradition de s’embrasser sur la bouche, au sein d’une famille ? Pourquoi se donnait-on en cadeaux des liasses de dollars ? Quant à la découverte surprise d’un film révélant un premier mariage de son père, elle mènera à une discussion qui sera l’un des moments forts du récit. Le spectacle dessine en effet le parcours d’un artiste qui, jeune, avait soif de relations affectives plus profondes, et était plutôt désolé par la nature matérialiste de ces archives filmiques, mais qui paraît comprendre aujourd’hui comment il se relie à cette famille. Et saisir l’importance des objets, ces ancrages et témoins de nos vies, qui nous lient au passé. Entre le passé et le présent Dans la salle intime du théâtre Prospero comme on l’a rarement vue, transformée en studio par la scénographe Justine Bernier-Blanchette, les trois murs créent un environnement enveloppant pour la musique atmosphérique du guitariste Roger Cournoyer et du percussionniste Andrew Beaudoin. Dont quelques scènes prenantes où musique et images en boucle se répondent, comme créant un pont entre présent et passé, entre actions en direct et images figées dans le temps. La création comporte d’ailleurs une part d’improvisation, d’où le côté spontané et donc parfois un peu brouillon du texte, où la réflexion ne va pas toujours très loin. D’où aussi certaines longueurs ainsi, quelques tentatives maladroites pour engager directement le public nous semblent inutiles. Mais s’il n’y a généralement rien de spectaculaire dans ces images d’inconnus engagés dans des activités banales, c’est leur nature à la fois familière et étrange qui fait leur universalité, et donc leur intérêt. Elles témoignent d’un passé commun, celui de la classe moyenne québécoise, et le récit individuel devient ainsi une histoire collective. Est-ce que, se demande David B. Ricard, nos selfies deviendront aussi un matériau intéressant dans 20 ans ? À voir en vidéo
Achetezle design « À la mémoire de mon père vétérinaire de la guerre du Vietnam, cadeau pour père et grand-père » par soufianABH sur le produit suivant : Plaid Vendez vos œuvres Connectez-vous Inscrivez-vous 11h43 , le 17 mars 2020 , modifié à 11h43 , le 17 mars 2020 L'enfance remonte. Elle a ­emménagé dans un nouveau ­quartier et elle regrette déjà l'ancien. Elle aimait la place des ­Vosges. On la retrouve dans un hôtel parisien. La pièce s'anime en sa présence. ­Anne ­Sinclair plaisante sur son image, sa ­tenue, son âge. On avait déjà été frappé par sa gaieté communicative, la première fois qu'on l'avait rencontrée en 2017. Son regard et sa voix trahissent parfois le ­ressac des épreuves. Son regard bleu peut se glacer, son ­timbre de voix peut se fêler. Elle est vêtue d'un pull ­marine et d'un pantalon ­sombre. Une tenue simple. Le temps passe, l'enfance remonte. Elle s'était ­attachée au versant ­maternel de sa famille, dans 21, rue La Boétie, à travers la figure de son grand-père Paul ­Rosenberg, ­célèbre marchand d'art. Elle ­s'attache au versant ­paternel de sa famille, dans La ­Rafle des ­notables, à travers la figure de son grand-père ­Léonce ­Schwartz, commerçant interné au camp de ­Compiègne. ­Rendre hommage, connaître la ­vérité. ­Anne ­Sinclair est ­faite de ces deux ­histoires familiales-là."Pourquoi n'ai-je pas posé davantage de questions sur mon grand-père?"La journaliste regrette l'incuriosité de sa jeunesse. Elle posait des questions aux autres, mais pas aux siens. Les proches meurent en emportant avec eux tout ce qu'on ne leur a pas dit et tout ce qu'ils ne nous ont pas dit. "Pourquoi n'ai-je pas posé davantage de questions sur mon grand-père? Ma grand-mère est morte lorsque j'avais 16 ans. Elle ne voulait pas parler de la guerre. La vie prenait alors le pas sur la parole." Aujourd'hui, l'enfance remonte, les racines remontent. L'histoire familiale faut-il s'affranchir ou s'amarrer? ­Anne ­Sinclair a découvert l'horreur des camps de la mort à la lecture de ­Treblinka de ­Jean-François ­Steiner. Elle avait 15 ans. Elle a visité ­Auschwitz sous la ­neige et le ­soleil. Tout était d'une ­beauté irréelle. Seuls les textes des grands témoins, dont ­Primo ­Levi et ­Imre ­Kertész, lui ont fait approcher la réalité de la ­ famine, la gangrène, la vermineNous sommes en décembre 1941. Les ­Allemands arrêtent 743 Juifs français, appartenant à une population privilégiée faite de patrons, d'avocats, de ­magistrats, ­d'écrivains. Ils y adjoignent 300 Juifs étrangers déjà prisonniers à ­Drancy. Ils sont ­internés au camp de ­concentration ­nazi de ­Compiègne-Royallieu, sous administration allemande, dans des ­conditions inhumaines. La famine, la gangrène, la vermine. Le but est l'extermination. Le premier ­convoi de déportés de ­France vers ­Auschwitz partira en mars 1942 du camp de ­Compiègne. Le grand-père paternel ­d'Anne ­Sinclair, ­Léonce ­Schwartz, a été arrêté lors de la "rafle des ­notables" et interné au camp de ­Compiègne. Il a été transféré à l'hôpital du ­Val-de-Grâce extrêmement affaibli. Son ­épouse a réussi à le faire sortir de l'hôpital. Ils se cacheront jusqu'à la ­Libération. ­Léonce ­Schwartz mourra dans son lit des suites de son internement à Compiègne. ­Anne ­Sinclair souhaitait raconter la vie de son grand-père paternel mais elle restitue, à travers lui, les ­morts et les ­vivants du camp de ­Compiègne. Elle part d'un homme pour aller vers les ­hommes."A l'intérieur du camp, la vie intellectuelle les a sauvés de la ­folie"L'épisode de la ­rafle des ­notables et l'existence du camp de ­Compiègne sont méconnus du grand public. Ils ont été ­occultés par la ­rafle du ­Vél' d'Hiv' de ­juillet 1942 et le camp ­d'Auschwitz. "On ne mobilise pas l'attention et l'émotion des gens sur mille et une choses. La rafle du ­Vél' d'Hiv' et ­Auschwitz sont devenus des ­emblèmes." ­Anne ­Sinclair ­relate les différences entre les Juifs privilégiés se sentant ­français et les Juifs étrangers habitués aux ­persécutions ; les ­conditions de faim, de froid, de ­saleté ; la vie ­intellectuelle. "A l'intérieur du camp, la vie intellectuelle les a sauvés de la ­folie. Ils ­donnaient des ­conférences, ­récitaient des poèmes. Quand l'avocat ­Pierre ­Masse crée une sorte de cour pour régler les conflits, il tente de retrouver le droit là où il n'y a plus de droit." ­Nombreux ­portraits d'hommes au caractère inouï. ­Serge ­Klarsfeld écrit à propos de l'avocat ­François Montel "Ce qu'il avait en lui était plus fort que ce qui s'est abattu sur lui." Les noms des internés du camp de ­Compiègne sont ­aujourd'hui ­gravés dans le verre à l'entrée du ­mémorial. La petite-fille voulait que le nom de son grand-père y figure. C'est la vérité et ­rendre hommageIls sont bien les deux fils rouges de sa vie de journaliste ­connaître la vérité et ­rendre hommage. ­Anne ­Sinclair évoque les figures remarquables du camp de ­Compiègne, comme le dentiste ­Benjamin ­Schatzman, pour leur redonner un ­souffle de vie. "Dans les épreuves les plus dures, quelque chose se révèle en nous et nous dit 'on ­tiendra'. Alors, on tient, mais jusqu'à un certain point. Dans le camp de ­Compiègne, ils avaient ­l'obsession de rester ­propres, ils savaient que s'ils se laissaient aller, ils étaient ­fichus. Leur ­morale était de tenir, de se maintenir." ­Anne ­Sinclair a écrit un ­récit ­sobre, ­documenté, essentiel. La journaliste se perçoit comme une laborieuse, une travailleuse."Je n'ai pas une haute opinion de moi""J'ai suivi une analyse qui n'a pas réussi à améliorer l'image que j'ai de moi-même. Je n'ai pas une haute opinion de moi. Je n'aime pas la puissance et je n'ai jamais éprouvé de sentiment de puissance. J'ai toujours beaucoup travaillé pour ­compenser des qualités intellectuelles dont je me trouve dépourvue. Je suis ­obsessionnelle. J'ai arrêté ma chronique au Journal du ­Dimanche pour me ­consacrer à l'écriture de livres. J'ai du mal à faire plusieurs choses en même temps." Le ­courage est une vertu familiale. "Je n'ai ­connu aucune grande épreuve. La devise paternelle est 'on serre les dents'. On tient le coup pendant l'épreuve et après on voit."Pense-t-on toujours à ­Dominique ­Strauss-Kahn et à la retentissante affaire du ­Sofitel de New York de 2011 en la ­rencontrant? On y pense toujours. Les accusations sexuelles ­contre l'ancien directeur du FMI ont mis fin à leur couple. ­Anne ­Sinclair n'a pas ­changé d'avis sur le scandale du ­Sofitel. Elle écrira peut-être autour de l'affaire, mais pas sur l'affaire elle-même. "Chacun fait selon son tempérament. Je déteste l'étalage. La dignité m'empêche de raconter ce qui ne concerne que moi. La retenue, la pudeur, le secret sont nécessaires à la vie quotidienne. Peut-être écrirai-je un jour sur les ­alentours médiatiques mais, sur l'affaire elle-même, on n'aura rien venant de ma part. Rien." Quand on l'avait rencontrée en 2017, pour Chronique d'une France blessée, elle nous avait déjà dit "Je ne suis pas ­Valérie ­Trierweiler. Je refuse de m'épancher." L'auteure de Merci pour ce ­moment, où elle racontait sa relation de neuf années avec ­François ­Hollande, lui avait alors envoyé un message ­courroucé à la suite de ses propos. Le portable ­d'Anne ­Sinclair s'était manifesté ainsi un dimanche matin tôt "Comment osez-vous?" ­Anne ­Sinclair ose. Elle regrette, elle ne regrette pas, mais elle fascination pour les artistes, pas pour les politiquesD'une ­France blessée à une ­France ­déroutée. ­Anne ­Sinclair ferait aujourd'hui une chronique d'une ­France ­inquiète et ­confuse. Elle ­observe les frontières s'estomper entre le bien et le mal dans la société. Elle a une fascination pour les artistes la soprano sud-­africaine ­Pretty ­Yende et les intellectuels le romancier et essayiste ­Milan ­Kundera mais pas pour les politiques. "J'ai passé treize ans à observer les politiques pour l'émission 7 sur 7. La politique est une vision du monde et il faut déployer du temps pour expliquer une vision du ­monde. Le niveau de langage et de ­conceptualisation était plus fort à l'époque que de nos jours. Un ­Charles ­Pasqua ­faisait preuve de ­finesse et de ­talent. Le langage des politiques est aujourd'hui pauvre et sec. Dans l'acte de ­gouverner, il faut emmener les gens, ­montrer un chemin. Une société tient ­ensemble quand quelque chose de ­commun nous ­porte. Nous sommes ­aujourd'hui dans la défense, ­l'attaque, la ­violence.""Je n'apprécie pas de voir Macron instrumentaliser un certain nombre de thèmes dont je sais qu'ils favorisent la montée de ­l'extrême ­droite"La période de ­l'Occupation et la ­Shoah viennent de plus en plus hanter ses jours et ses nuits. La ­Rafle des ­notables a été écrit dans un ­contexte ­précis. Elle voit ce qui est l'antisémitisme, l'extrémisme, le populisme se développant en ­Europe. "La ­montée de la ­haine dans le ­monde, avec les boucs émissaires musulmans et juifs, se banalise à grands pas." L'état de la ­France ne lui inspire pas ­confiance pour l'avenir. Elle craint la simplification des idées. Le manichéisme signifie la mort du débat. "Les violences policières existent à l'évidence, mais nous ne sommes pas dans un régime autoritaire. Nous sommes en démocratie. ­Emmanuel ­Macron s'est fait élire au centre avec une majorité de voix de gauche et a ensuite fait une politique qui a séduit une majorité de gens de droite. Je n'apprécie pas de le voir instrumentaliser un certain nombre de thèmes dont je sais qu'ils favorisent la montée de ­l'extrême ­droite. Il faut parler de l'immigration et du séparatisme posément. Je ne crois pas que les ­Français puissent élire ­Marine Le Pen, mais un accident peut survenir. Les jeunes peuvent décider de ne pas se déplacer dans le cas d'un duel ­Emmanuel ­Macron-Marine Le Pen en 2022. On s'est peut-être fait avoir, mais rien n'est terminé. La ­France dirigée par ­Marine Le Pen serait l'écroulement d'un monde."La journaliste note le "refus du système" et la "haine des ­sachants". Elle a pensé se retirer des réseaux sociaux. "J'ai parfois reçu des vagues de haine d'une ­immense ­violence. Je me penche de moins en moins sur les commentaires." Les chasses à l'homme l'écœurent. ­Anne ­Sinclair a ­toujours été sensible aux parcours denses. Elle admire les vies engagées de ­Pierre ­Mendès France, ­Michel ­Rocard, Jean ­Daniel. On lui demande de quel homme ­politique ­français elle serait susceptible ­aujourd'hui de faire un long portrait. Dans un premier temps, elle répond "Aucun." Seule la trajectoire d'un ­Jean-Luc ­Mélenchon pourrait lui donner envie de se plier à l'exercice du portrait politique. "J'aimerais tenter de le ­comprendre. Il est un homme cultivé et intelligent devenu un tribun éruptif et véhément. Qu'est-ce qui s'est passé? Un filon, une ­évolution ­caractérielle, une ­caricature, un ­opportunisme." Nous restons ainsi, un long moment, à regarder des hommes devenir ce qu'ils ne sont rafle des notables, Anne Sinclair, Grasset, 130 pages, 13 euros.
Jeveux que ce travail soit un travail de mémoire, pour mes grands-pères, que je n’ai presque pas ou peu connu, et je pense que cela aura été mon plus grand regret dans la vie, mais aussi pour tous ces pionniers de l’aviation, qui ont risqué leur vie pour arriver à l’aviation d’aujourd’hui. Je vous demanderai donc, si vous prenez des éléments de ce site, de me prévenir mais
D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours encerclé la date du 4 novembre dans mon agenda, accompagnée de la mention décès grand-papa JC ». JC, c’est pour Jean-Claude, mon grand-père maternel. Il est parti tranquillement dans son sommeil lorsque j’avais 5 ans. Cette année, ça fait 22 ans qu’il nous a quittés. Je sais qu’à première vue, ça peut paraître insolite que je dédie un article à la mémoire d’un homme que j’ai connu moins que le quart de toute mon existence. Cela dit, à travers ce texte, c’est non seulement mon grand-père que j’ai envie de célébrer, mais aussi tous ces êtres qui passent brièvement dans nos vies tout en laissant une empreinte indélébile sur nos cœurs. Le père de ma mère, c’était un monsieur bâti sur un frame de chat, comme on dit, mais solide comme le roc. Pas trop, trop jasant, il maîtrisait, selon les souvenirs de ma mère, l’art du regard sévère qui tue. Il travaillait fort dans le domaine de la construction et était très amoureux de ma grand-mère, une femme de 8 ans son aînée. Ces bribes d’informations, je les tiens de mes parents; je les ai récoltées çà et là durant les soupers de famille, dans les moments où on se rappelle les souvenirs d’enfance avec nostalgie. Mes souvenirs à moi ressemblent plutôt à cela mon grand-père, c’est l’homme qui ne parlait que très peu aux adultes, mais était intarissable avec moi. C’est un homme qui, chaque fois où je dormais chez lui, peu importe l’heure à laquelle je me levais le matin genre ben de bonne heure parce que j’étais une bambine, m’attendait en bas de l’escalier et me demandait en chuchotant si je voulais un jus d’orange. Il me préparait ensuite une toast coupée en quatre carrés deux avec du Nutella, deux avec du Map-O-Spread. À ce jour, c’est encore le summum du snack réconfortant à mes yeux. Souvent, mon grand-père s’offrait de garder la p’tite » c’est-à-dire moi pendant que ma mère faisait des courses avec mon grand-frère. Nous allions à pied jusqu’au parc et il me poussait sur les balançoires à bascule en forme d’animaux, parce que les balançoires standards m’ont toujours donné un peu mal au cœur. De retour à la maison, il me lisait des contes; j’ai toujours tellement aimé les histoires! Ma mère m’a appris plus tard que son père ne savait pas lire ça ne l’a pourtant jamais empêché de me faire la lecture. Quand mon frère a commencé à aller à l’école, mon grand-père venait dîner tous les mercredis et apportait une boîte de beignes. Pendant deux ans, nous nous sommes forcés à manger les maudits beignes, même si nous n’en raffolions pas; Grand-papa avait l’air tellement heureux de nous faire plaisir! La seule photo encadrée sur mon bureau mon grand-père, ma grand-mère et ma petite face photogénique NotCrédit Jessica Massy Après son décès, ma grand-mère m’a demandé si je voulais un objet qui avait appartenu à mon grand-père. Bien sûr que si! Je voulais le camion! Ma mère m’a raconté à quel point toute la famille était perplexe personne ne savait de quoi je parlais. Pour moi, c’était l’évidence même le camion, c’était mon jouet préféré chez Grand-papa. Ensemble, nous passions des heures à le promener sur le tapis du salon et à lui faire transporter et décharger de vieux écrous. Après des recherches infructueuses, ma grand-mère m’a demandé si je savais où était le fameux camion. On m’a raconté que toute la famille a suivi mini-Jess de 5 ans jusqu’au sous-sol, dans l’établi de mon grand-père, m’a regardé grimper sur un banc et sortir le camion de sa cachette. Après 22 ans, ce camion, je le conserve précieusement. Mon grand-père a été une étoile filante de ma vie, une source de chaleur et de réconfort qui perdure même autant d’années après son départ. En ce début du mois de novembre, je vous invite à penser à ces êtres, humains ou animaux, qui ont su marquer nos vies même s’ils y sont passés en coup de vent et qui, parfois sans le savoir, nous ont laissé du beau et de l’amour au passage. Et vous, qui a été votre étoile filante? Mongrand-père était un tirailleur sénégalais. Il s’appelait Abdoul Banna Mbaye. Il a fait la première guerre mondiale. Il en est revenu avec une décoration. Comme de nombreux autres, parfois volontaires, souvent enrôlés de force, mon grand-père s’est battu pour une cause qu’il pensait en rapport avec celle de son terroir. Il s’est battu contre [] Des bateaux à l’ancre, un froid polaire et un beau soleil… En ce matin glacé de janvier, le lieu où Rémi Chayé donne ses interviews a des airs de décor maritime de Tout en haut du monde, son merveilleux film d’animation, qui sort demain dans toutes les bonnes yeux cernés, le cinéaste semble un rien fatigué et un peu inquiet. Ce film, récit initiatique dans lequel une jeune fille de l’aristocratie russe du XIXe siècle part vers le pôle Nord à la recherche de son grand-père explorateur, Rémi Chayé le porte depuis dix ans !On peut dire qu’il partage avec Sasha, son héroïne principale, la persévérance des grands aventuriers. Il a essuyé beaucoup de tempêtes, réparé les défauts de conception et avaries, désespéré de voir son navire cinématographique arriver à bon port… avant l’heureux le sillage de créateurs talentueux J’ai eu la chance de trouver des producteurs et des scénaristes animés de la même envie tenace de faire ce film. Mais j’ai aussi eu l’occasion de débuter dans ce métier avec des cinéastes exigeants qui m’ont donné le goût du bel ouvrage. »Son regard s’illumine alors pour évoquer la sagesse » de Jean-François Laguionie L’île de Black Mór, 2004, Le Tableau, 2011, le savoir-faire » de Dominique Monféry Kérity, la maison des contes, 2009 ou le souci du détail » de Tomm Moore Brendan et le secret de Kels, 2009.Avant de travailler avec ces pointures de l’animation européenne, le petit Rémi avait dévoré les Astérix, Gaston et Lucky Luke de la bibliothèque municipale de Poitiers, la ville qui l’a vu naître en 1968. Enfant, je me destinais à faire de la BD. Mon prof d’histoire-géo me passait un savon quand je dessinais des chevaliers du Moyen Âge sur mes cahiers. » Bon élève, il atterrit en math sup un peu malgré lui, mais lâche vite la calculette pour les crayons et s’inscrit à Penninghen, école d’art graphique parisienne aussi prestigieuse que goût du collectifSes parents, un professeur de mathématiques et une infirmière, lui donnent six mois pour réussir… Malgré la discipline de fer, il s’accroche et apprend le dessin à l’ancienne ». Puis il se cherche un peu, entre illustration, publicité et bande dessinée. Mais ne citez pas le nom de la BD, c’était une erreur de jeunesse… »De passage à Angoulême, il présente son portfolio à un studio d’animation. C’est le déclic. J’avais envie de travailler dans un collectif au sein duquel j’apprenais des autres dans une ambiance de travail détendue. »Rémi Chayé travaille sur les story-boards – sorte de bande dessinée du film avant sa réalisation – des films de Jean-François Laguionie, et supervise les tâches sous-traitées en Asie. Il en garde une expérience amère de la délocalisation. Payés des clopinettes, les animateurs chinois ou nord-coréens, si appliqués soient-ils, ne peuvent pas donner autant que des artistes français. »Passer derrière la caméraIl a donc tenu à ce que la production de son film reste en France à 90 %, le restant ayant été réalisé au Danemark, pour des raisons artistiques mais aussi politiques, car j’ai envie que les animateurs français puissent vivre de leurs compétences ». Mais le made in France » a un coût il a fallu faire des choix pour ramener le budget de Tout en haut du monde de 9 millions à 6 millions d’euros…En 2003, il ressent le besoin de se former au métier de réalisateur de cinéma d’animation. Il s’inscrit à la Poudrière, école cofondée près de Valence par Jacques-Rémy Girerd, le patron du studio Folimage. C’est là, en 2005, que Claire Paoletti vient lui proposer de réaliser Tout en haut du monde dont elle a écrit une première mouture du et transmission Elle voulait écrire une quête autour de la question de la transmission. Or, c’est un thème que j’ai abordé dans mes courts métrages. Mes grands-pères ont beaucoup compté pour moi. Ils avaient quelque chose de romanesque, l’un n’avait qu’une seule dent et fumait sa pipe, l’autre me racontait la guerre de 1940 qui lui avait laissé une jambe raide. J’ai toujours ressenti une frustration de ne pas avoir conservé leur témoignage. »Après l’exploration du pôle Nord par la jeune Sasha, dans Tout en haut du monde, son prochain long métrage portera sur une autre conquête, celle de l’Ouest américain par Martha Jane Cannary, 11 ans, et future Calamity Jane. Encore un personnage féminin fort, dont l’opiniâtreté n’a rien à envier à celle de Rémi inspiration La culture du vide et du plein »Rémi Chayé est passionné par la Russie et ses peintres, les romans de Jules Verne et Jack London… Tout le portait donc à réaliser Tout en haut du monde dont le souffle épique n’est pas sans rappeler les romans d’aventures de l’enfance. Le graphisme épuré du film est inspiré des affiches des compagnies ferroviaires américaines du XIXe siècle, avec de grands aplats de pour sa part, emprunte au style japonais, marqué par des poses fortes et une économie de dessins. J’aime cette culture du vide et du plein le mouvement d’un personnage est plus frappant visuellement quand il est précédé d’un long moment d’immobilité. » Cemercredi 27 juin, Taj Jackson, petit-fils de Joe Jackson et membre du groupe 3T, a publié sur Twitter un message où il rend hommage à son grand-père, dont il demande de respecter la mémoire. M. Wilson Mémoire de mon grand-père en 81 objets Spectacle bilingue français/LSF D’après une libre adaptation de Thomas Scotto Durée 55 minutesTout public à partir de 7 ansJauge 200 personnes Une rue, un jour de brocante. Chacun vide son grenier. La maison du vieux M. Wilson, au numéro 6, déborde… Depuis la mort de sa femme, il n’a rien touché Chagrin et propreté ne font pas bon ménage ! »Mais M. Wilson a aussi et surtout la mémoire pleine. Trop pleine. Ce jour là, il décide donc de vendre ses souvenirs… Il s’agit de raconter l’histoire d’un vieux qui vend ses souvenirs un jour de brocante… Il s’agit de dire qu’au moment où il vend ses souvenirs, c’est la mémoire familiale toute entière qui s’efface… et peut-être bien plus encore. Les histoires des personnes âgées me touchent. Même si parfois ça tourne pas rond et en rond, ils ont beaucoup à transmettre. La mémoire est fragile, précieuse. Dans une société où les vieux sont cachés » et n’ont plus la parole, à une époque où l’oubli se généralise, j’ai envie de parler de cette transmission intergénérationnelle car elle nous construit. Connaitre notre histoire familiale nous permet de grandir fort de notre passé… ou au contraire de couper nos racines pour aller semer ailleurs et grandir autrement. Avec ou contre, grâce ou malgré quoiqu’il en soit, nous nous construisons en fonction de cette petite histoire » qui est la notre. Note d’intention Mathilde Henry – Metteuse en scène. Les gestes sont gais, la musique nous entraine, le public s’installe, la lumière s’éteint et puis… La poésie. Poésie des gestes, des couleurs, des mots, des signes, des objets c’est avec tout cela que nous créons des mondes pour raconter cette histoire au public… Il y aura du faux, il y aura du vrai ! Mon grand-père ne m’a jamais raconté d’histoire… L’équipe de Adaptation Mathilde HENRY Co-mise en scène Mathilde HENRY et Fabio-Ezechiele SFORZINI Avec Mathilde HENRY, Emilie RIGAUD et Gilles STROCH Musique et canon de signes Gilles STROCHCréation musicale Gilles STROCHAdaptation, traduction et création LSF Emilie RIGAUD, Mathilde HENRY, Gilles STROCH, Fabio-Ezechiele SFORZINI, Sophie SCHEIDTCréation lumière Enzo GIORDANAConstruction marionnettes Mathilde HENRY accompagnée par Jo SMITHScénographie Mathilde HENRYAffiche, photos et visuels Sofie SFORZINIDiffusion Justine SWYGEDAUW MARTINEZ Entrevue avec l'auteur Lire la vidéo Lire la vidéo
Lafable aurait très bien pu commencer de la sorte. Mais de fable il n'en est rien : un jeune artisan cordonnier vient de s'installer en plein centre de n . Cordonnier à la mémoire de son grand
La Mémoire de mon pèrePatrick ZachmannFrance, 1991, 31 min / Couleur Synopsis Patrick Zachmann a derrière lui une œuvre photographique importante quand il aborde le 1991, il choisit le film pour accéder enfin à une vérité, la vérité de son histoire familiale, sur laquelle son père juif, fils de déporté, garde le silence depuis toujours. Patrick Zachmann a derrière lui une œuvre photographique importante quand il aborde le cinéma. En 1991, il choisit le film pour accéder enfin à une vérité, la vérité de son histoire familiale, sur laquelle son père juif, fils de déporté, garde le silence depuis toujours. Il a besoin du temps de la caméra, de sa mémoire, pour réussir cet ultime dialogue et entendre une parole toujours différée. Outre la justesse et la beauté des cadres - qui n’étonneront pas - nous sommes touchés par le respect et la pudeur avec lesquels le cinéaste obtient de son père une transmission dont il a un besoin vital. Difficile transmission pour ce juif intégré qui a fait de l’oubli un devoir, souvenirs douloureux, longtemps refoulés, dont il fait cadeau à son fils avant de mourir. À propos du film "Un jour, je décidai non plus d’essayer de photographier mon père, mais de le filmer. Dans une relation presque professionnelle qui allait nous permettre de se parler enfin l’un à l’autre mais sans se l’avouer ouvertement. … Un an après la mort de mon père, j’ai repris ces heures de tournage et décidé d’en faire un film. Un film sur la relation nouée entre un fils et son père, un film sur la mémoire, un film sur la transmission, celle que les pères doivent à leurs enfants, celle que je dois maintenant à mon fils puisqu’à mon tour, je suis devenu père." Patrick Zachmann Article de Anne Brunswick sur Patrick Zachmann paru dans Images documentaires, n°17 Générique Titre La Mémoire de mon père Réalisation Patrick Zachmann Montage Françoise Tourmen Production TV10 ANGERSGÉDÉON Distribution Documentaire sur grand écran
u1A6g. 300 447 267 246 371 426 303 310 2

à la mémoire de mon grand père